Malloire – Haute-Savoie
Le 16 juin 2020 – Randonnée 8/10 sur la liste des tracés imposés
Tournette, je reviens à l’assaut mais cette fois seule et je compte bien ne pas rebrousser chemin ! 1380m de dénivelé positif, 14km, 5h30 de marche.

Pour la petite histoire, j’avais déjà entrepris il y a un 1 ou 2 ans avec mon ami Brian de monter au sommet de la Tournette en passant par la face Ouest (côté Montmin). Malheureusement, l’orage menaçant nous avions du faire demi-tour avant d’arriver au sommet.
C’est donc avec plaisir que je découvre que ce sommet emblématique à côté d’Annecy se trouve dans la liste des tracés imposés pour l’AMM. Sacré Tournette, elle m’a réservé pas mal de surprises…
La météo est très instable ces dernières semaines et il me faut jongler entre les averses et les éclaircies et trouver les créneaux les plus opportuns. Le voici, ce mardi 16 juin, je me lance. Le Soleil brille dans la vallée mais les nuages décident de continuer à s’accrocher au relief. Plus je monte, plus les bancs de brume s’épaississent. Seule, je ne croise pas âme qui vive jusqu’au refuge des Praz Dzeures. Là je croise un homme qui descend depuis un autre chemin. Nous échangeons trois mots et je repars.
Mon oeil arrive enfin à percevoir quelques mouvements étranges au loin sur un rocher. Je pense à des chamois mais en regardant de plus près avec mes jumelles ce sont de jeunes bouquetins qui jouent en simulant un combat. Par chance le chemin s’approche petit à petit et c’est tout un troupeau que je découvre grassement et paisiblement installé dans l’herbe de part et d’autre du sentier que je dois emprunter. Par une sorte de sifflement, celui que j’identifie comme le chef du groupe informe les autres bouquetins de ma présence et ils s’écartent quelque peu pour me laisser passer. Contrairement aux chamois, les bouquetins ne sont pas chassés, c’est une espèce protégé et ils sont par conséquent très peu sauvages ce qui nous permet de les approcher de très près.

Je continue ma route et arrive bientôt au niveau de la pointe de la Bajulaz. Les nappes de brouillards me laisse le répis d’admirer la vue sur le lac d’Annecy. Me rejoins alors le randonneur croisé plus tôt au refuge. Il me demande si je connais l’altitude. Je regarde ma montre et lui donne. Il m’explique alors que sa fille lui a offert une montre mais qu’elle ne fonctionne pas. Nous continuons à converser tout en nous dirigeant vers le sommet de la Tournette. Après deux névés que nous décidons de contourner par le haut, je me rends compte que cet aimable randonneur n’est autre que « Monsieur Tournette ». Pourquoi ce qualificatif ? Il m’informe qu’il est propriétaire de toute la face Est, du sommet (Le Fauteuil) jusqu’à la pointe de la Bajulaz de la montagne. Je trouve ça incroyable mais venant d’Auvergne où la majorité des puys sont privés, je ne suis pas si surprise de la nouvelle. Nous gravissons les derniers mètres qui nous séparent du sommet par les fameuses échelles métalliques et nous nous retrouvons dans une nappe de brouillard très dense qui ne nous permet malheureusement pas d’admirer le paysage aux alentours. Décidément madame Tournette tu es capricieuse… J’ai cette fois réussi à monter au sommet mais pas à profiter du panorama. Tanpis, je reviendrai !
Pour la descente je me laisse guider par « Monsieur Tournette » qui emprunte le même chemin que moi jusqu’au refuge du Rosairy donc il est également l’heureux propriétaire. Face Est, la neige est encore bien présente mais les pentes beaucoup moins raides nous permettent de descendre rapidement par de belles glissades jusqu’à la hauteur du col des Frêtes de Rosairy. La montée au col n’est pas sur l’itinéraire prévue mais « Monsieur Tournette » me vente (avec raison) la magnifique vue sur la vallée de l’autre côté et je me laisse donc tenter.

Arrivée au refuge, qui est maintenant fermé depuis que « Monsieur Tournette » a décidé qu’il ne voulait plus poursuivre l’activité de gardien de refuge, il me propose de boire un café. J’ai donc la chance de pouvoir m’abriter au chaud juste au moment où une belle averse décide de nous rendre visite. Petits bonheurs simples de la montagne : discussion, café, rencontre !

C’est ici que nos chemins se séparent et je continue ma descente seule dans la chaleur humide de la forêt jusqu’à rejoindre le parking de la Molloire. Merci monsieur Tournette d’avoir partager ce bout de chemin avec moi !

