« Ambiance » montagne

Voilà un moment que j’avais envie de pousser les portes de la Haute Montagne pour faire de l’alpinisme. Ce sont souvent des rencontres inattendues qui nous offre des opportunités toutes aussi inattendues…

Vous vous souvenez en août j’ai fait un stage avec Auvergne’Attitude ? Et bien c’est au cours de cette semaine que j’ai découvert le refuge de la Banne d’Ordanche et son gardien et propriétaire, Paulo.

Or, Paulo en plus de gérer son refuge l’été, d’être moniteur de ski de fond l’hiver, passe beaucoup, beaucoup de temps en montagne ou devrais-je dire en Haute Montagne. Il m’a gentiment proposé de l’accompagner lors de plusieurs sorties « alpi ». J’ai donc profité de mes journées de congés au refuge de Bonaveau et de ma proximité avec Chamonix pour le rejoindre et profiter de l' »ambiance montagne » de cette si célèbre vallée.

Les balcons de la mer de glace

Pour cette première sortie nous allons commencer doucement avec une journée à la frontière entre la randonnée et l’alpinisme histoire de se familiariser avec le décor impressionnant de la mer de glace et des sommets environnant.

Glacier, échelles, un peu de neige cette randonnée nous plonge directement dans un cadre grandiose ! Nous progressons légers : sans crampons, sans corde. Rien de difficile mais à chaque barreau des échelles que tu gravis, tu prends conscience que tu n’as pas le droit à l’erreur, que tu dois avancer jusqu’au sommet et ne jamais lâcher. Comme le dit Paulo, en haute montagne la chute est interdite !

En 3h, depuis la gare d’arrivée du Montenvers, nous arrivons au refuge du Couvercle où nous prenons le temps de manger une barre avant d’entreprendre la descente. La brume dessine un paysage mystérieux et nous rappelle à quelle point la montagne est maîtresse en son domaine. C’est elle qui décide !

L’aiguille de la Floria : grande voie version montagne !

Le lendemain nous décidons de limiter le nombre de kilomètres parcourus et de privilégier la verticalité.

Les remontées mécaniques de la Flégère nous permettent d’accéder pratiquement au pied de la falaise qui sera notre terrain de jeu. A première vue je ne devrais pas être trop dépaysée : c’est de la grande voie toute équipée et nous avons choisie un itinéraire dont le niveau, 6a+ max, est accessible pour nous. Paulo se lance en tête dans la première longueur de Saga Africa. Je le suis en moulinette et je suis tout de suite plongée dans l’ambiance.

Non, ce n’est pas de la grande voie classique, c’est de la grande voie montagne avec du gaz, c’est à dire des passages vertigineux, un équipement plus espacé, bref je ne me sens pas sereine et je suis contente d’être accompagnée par Paulo pour cette première expérience « engagée ».

D’autant plus que la météo n’est pas avec nous. Nous sommes entourés par le brouillard qui n’a pas l’air décidé à se lever. Je décide de continuer à grimper en second et je laisse Paulo leader l’itinéraire. Après 200m d’escalade nous enchaînons avec le bastion supérieur de la Grande Floria et une grande voie de 110m qui s’appelle Fraise des boâtchs.

Arrivés au sommet nous avions l’intention de descendre par la voie normale de la grande Floria. Or, le temps reste très brumeux et la neige tombée le week-end précédent nous empêche d’identifier clairement l’itinéraire de descente. Nous décidons donc de faire demi-tour et de descendre en rappel les trois dernières longueurs jusqu’au pierrier de la Floria. De là, entre glissades dans le pierrier et dans la neige, nous rejoignons à temps le télésiège de l’index.

Course d’arrête au refuge d’Argentière

La semaine suivante je profite de mes congés pour rejoindre Paulo, sa collègue et amie Lisa et Marc, le père de Lisa, pour une excursion dans le monde des cristalliers.

Première étape : montée au refuge d’Argentière. Le télécabine a fermé la veille. Nous allons donc devoir partir depuis Argentière et monter le long des pistes de ski jusqu’au refuge de Lognan avant de rejoindre le glacier d’Argentière et notre abris pour la nuit.

Nous sommes chargés, très chargés. Qui dit partir à la recherche de cristaux, dit matériel spécifique : burins, marteaux plus tout l’équipement de grimpe (cordes, dégaines, coinceurs etc.), les crampons. Le refuge d’été ayant fermé ses portes, nous occuperons le refuge d’hiver ce qui signifie également que nous devons apporter de quoi nous nourrir. Pour ma part, je n’ai que deux jours de congés mais mes trois compagnons resteront du lundi au jeudi. Nous avons tous entre 18 et 25kg à porter. Malgré tout, nous avançons à un bon rythme et mettrons 5h de marche effective pour rejoindre le refuge.

Après un apéro sur le toit du monde nous profitons d’une bonne semoule aux maquereaux et nous ne tardons pas à nous réfugier dans nos duvets pour profiter d’une nuit réparatrice, bercée par quelques ronflements.

Le lendemain nous décidons de profiter de la matinée pour grimper avant que je ne doive redescendre seule jusqu’à Argentière. Ils iront à la chasse aux cristaux dans l’après-midi et les jours suivant. Marc n’a jamais grimpé. Paulo nous a donc déniché un itinéraire s’apparentant à une course d’arrête facile en 4 sup : l’arrête du Rabouin. Nous progresserons par moment en corde tendue et à d’autres moments en assurant le second en fonction de la difficulté des passages.

C’est une grande première pour moi, la grimpe en grosse (chaussure d’alpi) en progressant en corde tendue et en posant pour la première fois des coinceurs pour assurer notre sécurité.

Des passages aériens, une belle cohésion de groupe et une motivation à toute épreuve et nous voilà au sommet ! Une excellente expérience qui m’a donnée envie de faire d’autres courses de ce type.

Il est maintenant temps de redescendre seule jusqu’en bas. 1600m de dénivelé et 3h15 plus tard, les jambes cassées et les pieds fatigués j’arrive à la voiture.

De retour à Bonaveau je ne pense déjà plus qu’à la prochaine expédition en montagne !

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