L’UF3, l’unité hivernale : une aventure humaine et solidaire

Nous sommes 15 stagiaires pour cette 4ème session de l’UF3. Nous nous retrouvons la première semaine à Chamonix, dans les locaux de l’ENSA. Un changement de programme imprévu lié au déficit cruel de neige en ce début de saison qui nous empêche de nous retrouver dans le Jura comme initialement prévu. Coup de chance l’hiver est arrivé à Chamonix. Neige, froid tout y est et les conditions soudainement extrêmes obligent les formateurs à adapter le programme.

Comme toujours et sans doute encore plus en hiver le maître mot de l’accompagnateur est ADAPTATION.

Pour valider cette première semaine nous sommes soumis a deux tests de recherche de victimes d’avalanche. Un premier mono-victime en début de semaine, puis un deuxième multi victimes le vendredi. Si l’exercice est réussi nous sommes autorisés à poursuivre la formation pour la deuxième semaine qui se déroule 3 semaines plus tard sur les Hauts plateaux du Vercors.

Cette première semaine est aussi l’occasion de retravailler quelques techniques d’orientation et notamment la tangente à la courbe. Nous sommes également formés en nivologie pour appréhender les différents types de neige et pouvoir identifier les potentielles couches fragiles du manteau neigeux.

C’est également pendant cette semaine que sont formés les 3 groupes pour l’itinérance de la semaine 2. Mes compagnons de route seront donc Alice, Jean-François, Anthony et Charles Philippe. Nous sommes les yetis givrés, prêts à en démordre avec les conditions hivernales et l’orientation dans le neige.

Les yétis givrés

Je ne suis pas très rassurée par cette deuxième semaine, voir même un peu stressée. J’ai peur d’avoir froid, que les conditions soient rudes, de ne pas réussir à valider mon exercice d’orientation bref je ne suis pas pressée d’y être. Je suis presque rassurée de savoir que je ne suis pas la seule à m’inquiéter. Anthony, avec qui je covoiture me partage le même sentiment. Nous verrons bien !

Le lundi matin nous retrouvons nos deux formateurs pour cette semaine, Didier et Régis. Jean-Philippe, le troisième nous rejoindra mercredi midi. Didier, nous rassure immédiatement : « dédramatisez la vision que vous avez de cette unité de formation. Elle n’est pas plus difficile que la première et vous avez bien réussi non ? Nous, nous voulons que vous réussissiez en toute bienveillance ! Et surtout amusez vous ! » De quoi détendre l’atmosphère… Les traits des visages se détendent. Une fois les pulkas chargées, c’est le grand départ en direction de la cabane de l’ONF de Pré Grandu sur la commune du Rousset en Vercors.

Le programme : 2 nuits en cabane, 2 nuits dehors. La cabane est sommaire mais confortable. Elle dispose d’un peu ‘électricité grâce aux panneaux solaires, d’un toilette sèche et de plein de neige à faire bouillir pour boire et faire la cuisine. Que demander de mieux ?

Les journées sont dédiées à des exercices d’orientation, la confection d’igloo, l’installation d’ancrages dans la neige, l’apport de connaissances liées à l’adaptation de la faune et la flore en hiver, le dérangement causé par les activités humaines, l’observation et l’interprétation des traces. Le tout dans la bonne humeur, l’entraide, la solidarité. Toute once de stress s’est envolée !

Le mardi matin, nous avons une épreuve écrite de planification d’itinéraire sur carte en lien avec le BERA. Je suis confiante. J’ai le sentiment d’avoir bien analysé la problématique posée.

Mercredi midi l’évaluation sur le terrain commence. Chacun part avec son groupe et un formateur et sera jugé sur ses capacités d’orientation et un cas de secours. Les yétis givrés sont soudés. Nous partons avec Didier et chacun notre tour nous devons mener le groupe à un point défini qu’il nous présente sur la carte avec altimètre et boussole. Les deux soirs nous revenons dormir à proximité de la cabane. Les formateurs craignent que nos organismes ne soient pas adaptés aux températures froides qui sont survenues tard dans la saison. Encore un geste bienveillant de leur part.

Nous dormons donc la première nuit sous bâche collé les un aux autres. Par une nuit à -15° nous arrivons à conserver une température de -6° sous notre abris de fortune. Nous avons même la chance exceptionnelle d’écouter le chant d’une meute de loup. La deuxième nuit nous dormirons en igloo que nous arrivons à bâtir tant bien que mal vu la qualité de la neige très poudreuse. Nous avons du frôler les -20° dehors et nous avons conservé une température de -2° à l’intérieur.

Nous n’avons donc perdu aucun orteil, doigt ou bout de nez. Par contre nous avons partagé des moments forts, des fou rires à n’en plus finir et cette unité restera pour moi la plus mémorable.

Les deux semaines sont validés de mon côté. Il ne me reste plus qu’à terminer les randonnées d’observations pour poursuivre la formation. Pourvu que la neige ne disparaisse pas trop vite…

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