Itinérance humide en terres auvergnates

L’automne est arrivée tôt… En tout cas fin septembre en Auvergne elle a bien pointé le bout de son nez pendant une semaine sous le signe du brouillard, du vent, du froid et de la pluie ! Pile la semaine où, mandaté par le bureau des accompagnateurs en montagne du Mont Dore, j’ai accompagné un groupe UCPA sur les traces des lacs et cascades autour du massif du Sancy…

Aussitôt de retour en Auvergne après avoir validé mon UF2 à Prémanon, j’enchaîne avec la préparation d’une itinérance de 5 jours 1/2. Comme d’habitude, je me mets une pression monstre pour prévoir en un jour et demi tout le contenu de ce périple : volcanologie, histoire locale, thermalisme etc. Je tente de balayer le plus large spectre possible de sujets pour pouvoir enrichir ces randonnées et apporter une réelle plu value à mes futurs compagnons de route.

Prélude d’une semaine sancyesque !

Dimanche 25 septembre, je retrouve autour de 14h30 mes 7 aventuriers au gîte des Hautes Pierre au Mont-Dore. Une petite randonnée est prévue pour faire connaissance, aller au pied de la grande cascade et me permettre ainsi d’évaluer le niveau du groupe.

J’initie dès le début un petit temps introductif pour briser la glace et apprendre les prénoms de mes 7 coéquipiers qui ne se connaissent pas non plus. Je met en place un petit energizer (comme on les appelles dans notre jargon) où à l’aide d’une balle que l’on s’envoie chacun donne son prénom et cite le prénom de celui à qui il envoie la balle. Efficace pour ma pauvre mémoire qui a bien du mal à mémoriser les prénoms : Alice, Camille, Laurent, Jean, Mathieu, Charlotte et Charlotte !

Cette première demi-journée est encourageante, le groupe à l’air homogène malgré les doutes de notre jeune Alice qui a déjà peur de ne pas être à la hauteur.

J1 – Le Mont-Dore => Chareire via le sommet du Sancy et la fontaine Salée

18 km – 900m D+

La plus grosse étape de la semaine ! Je retrouve ma fine équipe dès 8h30 pour faire le point sur le matériel, la météo et notre petit jeu du jour : on envoie la balle en donnant le prénom de celui qui la reçoit et en faisant un geste qui représente l’humeur du jour.

C’est parti pour 5 jours de convivialité et de bonnes humeur… ou presque. Très vite après avoir quitté la ville du Mont-Dore et amorcé le plat népalais qui nous conduit vers la station de ski, Alice s’inquiète. Elle a de la peine à suivre le rythme, tousse beaucoup, s’angoisse pour la suite de la semaine. C’est sans compter la solidarité qui naît déjà dans notre petit groupe. Tous, l’encourage et la motive à continuer au moins pour cette première journée.

Il faut dire que la météo n’est pas avec nous, après avoir croisé messieurs les chamois sur les crêtes du Sancy, nous nous retrouvons dans une purée de pois sans nom. On oublie la montée au sommet, aucun intérêt par ce temps là. De plus le vent souffle fort et nous préférons continuer et trouver un coin à l’abris après le col de la cabane.

Nous jouerons toute l’après-midi à cache-cache avec les nuages qui nous laisseront peu deviner les contours de nos si belles montagnes.

Arrivé au gîte à Chareire, nous amorçons ce qui deviendra le rituel de la semaine : le chocolat chaud ! Après une bonne douche et une bonne truffade tout le monde au lit. Et bonne nouvelle Alice n’a plus l’air de vouloir abandonner 😉

J2 – Chareire => Besse via le lac Pavin

17,8 km – 485m D+

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Mathieu ! Et heureusement que Camille est là pour s’en souvenir au petit déjeuner. Une petite météo du jour pour évaluer le moral des troupes à base de signes de mains et nous reprenons notre chemin.

Le temps est maussade, bruine, brouillard et vent fort mais toute la troupe s’équipe pour lutter contre les éléments et c’est reparti ! Je me sens très chanceuse d’avoir un groupe qui reste motivé malgré cette météo qui donnerait plutôt envie de rester sous la couette.

En route je contacte discrètement notre hébergeur du soir au Faux, à côté de Besse, pour leur demander de prévoir une bougie pour l’anniversaire de Mathieu.

Après avoir cherché désespérément la fameuse source ferrugineuse et gazéifié qu’un de mes collègues m’avait montré, affronté le brouillard épais et le vent violent dans les champs qui mènent au col de la Geneste, nous arrivons finalement à la Chapelle de Notre Dame de Vassivière, abris plus qu’attendu par toute notre petite communauté.

Le temps de donné quelques explications sur ce lieu de culte païen puis chrétien et nous filons en direction du lac Pavin pour pique-niquer entre les gouttes.

L’ambiance mystique coïncide bien avec les nombreuses légendes qui peuplent l’histoire de ce lac.

Comme chaque jour et étant donné la météo maussade, nous arrivons tôt à l’auberge à côté de Besse. L’occasion de prendre le célèbre chocolat chaud, joué au tarot et se reposer avant le repas du soir. Mathieu aura bien soufflé sa 36ème bougie dans sa salade de fruit qui aura suscité de vives critiques au sein de notre petite troupe. Et oui, la nourriture reste un élément moteur et motivant dans un contexte tel que le nôtre où l’organisme a besoin de reprendre de l’énergie pour lutter contre le froid. Un mot d’ordre : le gras !!

J3 – Besse (Le Faux) => Saint Nectaire via le Lac Chambon

18,5 km – 292m D+

L’étape la plus cool en terme de dénivelé ! Surtout que tout le monde a en tête les bains chauds de Thermadore qui nous attendent à la fin de la journée.

Ce matin, je leur demande de me donner un animal totem pour la journée qui représente leur motivation, humeur etc.

Dès le début, la pluie nous rend visite avec force et volonté. Heureusement, l’averse ne durera que quelques minutes et nous trouverons refuge dans l’église de Besse où nous rendrons visite à notre fameuse Dame de Vassivière, redescendue de sa chapelle le dimanche précédent.

Ah que ferait-on sans les églises quand la météo est capricieuse !

Globalement le moral des troupes est bon : pas trop de courbatures ou de douleurs gênantes et la toue d’Alice semble par moment s’apaiser. Elle est d’ailleurs toujours là encore motivée malgré quelques râleries par moment.

Après un pique-nique rapide au lac Chambon, nous nous précipitons pour nous mettre à l’abris du vent dans le restaurant du lac où gaufres, crêpes et évidemment chocolats chauds font le bonheur des troupes.

L’arrivée à Thermadore est un plaisir savouré par tous ; une relaxation bien méritée après trois jours de marche.

J4 – Saint Nectaire => Servière

18 km – 670m D+

Encore un peu de courage pour cette 4ème étape qui s’annonce beaucoup plus ensoleillée ! Le moindre rayon de Soleil est salué comme le graal absolu.

Petit jeu du matin : le qui comme moi ! Chacun annonce une affirmation ceux qui se retrouvent dans cette dernière rejoignent le centre du cercle. Sans surprise, beaucoup d’entres elles concernes la nourriture !

Heureusement que les quelques poneys que nous croisons sont là pour redonner le sourire à notre petite Alice qui lutte contre des douleurs aux genoux, à la hanche etc. Elle ne veut pas s’arrêter si près du but et s’accroche, encouragé par la fine équipe qui se relais à ses côtés pour lui apporter un soutien moral. La palme revient à Camille et Mathieu.

C’est finalement avec délectation que l’on s’accorde un bain de Soleil de plusieurs minutes près du lac Servière avant de rejoindre notre charmant hôte qui oh joie ! Ils l’attendaient tous, nous propose la 2nd truffade de la semaine !

J5 – Servière => Le Mont Dore via les cascades du Rossignolet et de Queureuilh

13,6 km – 400m D+

Dernier jour, dernière ligne droite ! Nous y sommes et nous allons y arriver tous ensemble.

Le début de journée jusqu’au col de l’ouïre est fantasmagorique, sous un brouillard bien dense qui ne nous laissera pas apercevoir les Roches Tuillères et Sanadoire et mettra à rude épreuve le moral d’Alice qui lutte pour continuer et ne pas abandonner si près du but. Nous finissons par retrouver un brin de Soleil pour notre pique-nique sur le plateau du Guéry. Les steppes mongoles qui s’étendent devant nous ne lassent pas de séduire mes yeux d’auvergnate adoptive…

Petit à petit nous approchons de l’épreuve du jour. J’ai nommé : la traversée de rivière ! Un sacré raccourci pour se rendre aux cascades sans avoir à descendre puis remonter. Après avoir usé subtilement de mes pouvoirs de persuasions, tout le monde est d’accord pour tenter l’expérience. L’eau est comment dire ? Très froide ! Je tente de n’en laissé rien paraître et reste les deux pieds dans l’eau pour assister mes compagnons, porter leurs chaussures, tendre une main… Quel chouette moment de mini-aventure en nature !

Finalement, arrivé au Mont Dore, chacun récupère ses affaires au gîte et nous décidons collectivement d’aller boire un verre tous ensemble pour achever cette semaine en dehors du temps.

Je demande à chacun d’énoncer son pire et son meilleur souvenir. Je les félicite et les remercie d’avoir su garder toute leur motivation et leur dynamisme malgré les conditions difficiles. Intérieurement, je suis fière d’eux et fière de moi. Ces moments partagés ensemble et cette solidarité qui a régi la semaine me confirme que j’exerce à présent le plus beau métier du monde où les maîtres mots sont : le dépassement de soi, l’entraide, le partage et la solidarité.

Merci à eux et merci au bureau du Mont Dore de m’avoir fait confiance pour encadrer cette semaine, ma première vraie itinérance en autonomie avec un groupe !

Un avis sur « Itinérance humide en terres auvergnates »

  1. Quelle belle rando!!!! bravo ma fille, je suis fière de toi, et heureuse de te savoir épanouie dans ce métier qui te correspond pleinement. Vivement les prochains reportages de tes futures randonnées qui me font toujours envie et rêver.

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